27 juillet 2007

Souvenirs d'été

Je l'ai déjà mentionné, Christiane se faisait très discrète en ce qui concernait sa famille. Nous étions ensemble depuis près de six mois, et jamais encore elle ne m'avait invité chez elle. Elle se décida pourtant, à l'occasion de la Saint-Jean-Baptiste de 1970. Elle nous invita, moi et Robert, à souper (je crois qu'à ce moment-là, Diane et Robert avait momentanément rompu).

Cette petite visite m'angoissait. Je ne connaissais pas ses parents, je m'étais fait des idées quant à leur personnalité, et je craignais un peu la rencontre avec un père que je croyais sévère. C'est en arrivant chez elle que j'ai compris bien des choses, notamment la discrétion de Christiane. Pour arriver au logement où elle habitait, il fallait grimper un escalier intérieur qui disait tout de ce qui nous attendait à l'étage. Un escalier aux marches si usées qu'elles en étaient dangereuses, des murs troués, une odeur indéfinissable mais écoeurante. Quant au logement, il présentait des caractéristiques malheureusement typiques de ce coin de la ville. Une cuisine crasseuse, des planchers inégaux, un ameublement désuet, des chambres encombrées, des rideaux miteux aux fenêtres. J'étais sidéré. Et ce qui m'étonnait le plus, c'est qu'il n'y avait pas d'eau chaude dans la maison. Je n'avais jamais vu une telle misère.

Christiane me présenta à ses soeurs, à son frère et à sa mère, qui m'apparut être une bien gentille personne. J'étais plutôt mal à l'aise devant leur dénuement mais, quand on est jeune, on s'accomode rapidement de bien des choses. Quelques instants plus tard, installé sur le balcon arrière, j'avais retrouvé mon aplomb. J'étais même ravi de me trouver en ce lieu. Christiane nous fit un petit cours sur les us du quartier. Des voisins, eux aussi se prélassant sur leur balcon, nous faisaient la conversation, dont une amie de Christiane, Lise L., que j'allais revoir à quelques reprises. Puis son père arriva.

À l'époque, il n'était pas encore trop usé. Bien sûr, il était impossible de ne pas remarquer son nez, un drôle de nez boursouflé par l'alcool qui commençait à se diviser en deux parties à son extrémité. Malgré cet appendice disgracieux et un peu trop visible, on devinait qu'il avait dû être un bel homme. Mais ce nez et ses cheveux coupés en brosse lui faisaient un visage plutôt dur. Il avait le regard fuyant et parlait peu. Était-il intimidé par notre présence? C'est possible. Sans doute étais-je le premier garçon que sa fille amenait à la maison, il fallait qu'il s'habitue.

Après le souper, nous partîmes pour le Vieux-Montréal. En ces années, il n'y avait pas encore de grands spectacles pour la Saint-Jean-Baptiste, ni de méga-shows sur la montagne. Des manifestations éparses dans les différents quartiers de la ville réunissaient les fêtards. Je me souviens d'une petite troupe de théâtre qui donnait un spectacle sur la rue Saint-Paul, de l'alcool qui coulait abondamment, de gens éméchés qui hurlaient, d'autres qui chantaient. Une belle atmosphère régnait dans les rues. Je garde un bon souvenir de cette nuit de la Saint-Jean... et de ma première rencontre avec les parents de Christiane.

*

Avec l'été qui commençait, la chaleur qui excitait nos sens, l'oisiveté des vacances, je découvris une nouvelle Christiane, plus ouverte, plus bavarde, plus rieuse, plus aguichante... et même sexy. Il lui arrivait de ne porter qu'un long t-shirt pour tout vêtement; mais un long t-shirt ne peut jamais faire qu'une très courte robe. Ça me plaisait bien.

Une semaine ou deux avant le début des vacances scolaires, Christiane et ses camarades de classe allèrent camper, accompagnées d'une enseignante, à Sainte-Sophie, dans la région de Saint-Jérôme. Les parents de Diane L. avaient accepté que la petite troupe installe son campement sur le terrain de leur chalet. Évidemment, l'enseignante avait exigé qu'aucun garçon ne vienne troubler la quiétude des demoiselles. Mais il n'était pas question que je me plie aux directives d'une enseignante, aussi charmante soit-elle.

Le samedi, moi et Robert avions rejoint Sainte-Sophie en faisant de l'auto-stop. Robert espérait bien renouer avec Diane, alors que moi, je ne pouvais imaginer un week-end sans ma belle Christiane. Les souvenirs qu'il me reste de cette fin de semaine sont faits d'impressions plutôt que d'événements. De douces impressions. La chaleur d'un feu de camp autour duquel les filles sont regroupées, l'excitation d'être entouré de jolies jouvencelles dans la petite salle de danse de l'endroit, l'intérêt que suscitait chez moi et Robert une jeune fille nommée Liette, la bonheur de me trouver en compagnie de Christiane. Oui, ce fut une bien belle fin de semaine.

*

Au cours de l'été, Christiane passa quelques semaines au chalet de Diane L. Moi, j'étais le plus souvent à Pont-Viau, en compagnie de Robert, qui se morfondait : ses quelques tentatives pour reconquérir Diane n'avaient pas donné les résultats escomptés. Mais il ne se décourageait pas, même si nous avions appris que Diane avait un nouveau copain, Normand. Un jour, nous décidâmes de nous rendre à Sainte-Sophie. Christiane me manquait, et Robert s'inquiétait.

Notre arrivée ne suscita pas un grand émoi. L'accueil fut même plutôt froid. Diane ne voyait pas d'un bon oeil les efforts que faisait Robert pour l'amadouer puisqu'elle «vivait» un nouvel amour avec le dénommé Normand, et je découvris que ledit Normand avait un copain, Jean-François, qui tournait autour de Christiane, pas tout à fait insensible à l'entreprise du beaux ténébreux. Même si nous arrivions comme des chiens dans un jeu de quilles, il nous fallait nous imposer et intervenir. Une brève discussion avec Christiane et quelques moments d'intimité replacèrent les choses, en ce me concernait. Quant à Robert, je ne sais comment il s'est débrouillé mais, quelques semaines plus tard, il avait retrouvé sa chère Diane. Tout rentrait donc dans l'ordre.

***

4 commentaires:

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